L’Ardèche, terre d’expérimentation agricole


Troisième Forum « Recherche et territoire »

21 octobre 2016

Le Pradel, 07170 Mirabel


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Résumés des interventions

Bio-bibliographies des auteurs



L’Académie des Sciences, des Lettres et des Arts de l’Ardèche, en partenariat avec le Conseil départemental de l’Ardèche, l’EPLEFA1, l’Institut Olivier de Serres et le Cermosem2, antenne de l’université de Grenoble-Alpes organisent, avec le soutien de la Caisse Régionale du Crédit Agricole, la Chambre d’agriculture de l’Ardèche, Goûtez-l’Ardèche et Les vignerons ardéchois, la troisième édition du Forum Recherche et Territoire intitulée L’Ardèche, terre d’expérimentation agricole.

 

Notre ambition est à chaque forum de faire connaître au grand public le travail de recherche qui se fait sur notre territoire ardéchois et ceux qui le portent au quotidien.


La faible représentation des universités en Ardèche, corollaire de l’absence de grande ville ne signifie pas pour autant immobilité et absence d’innovation. L’archéologie et l’histoire de cette terre ardéchoise en témoignent au fil des millénaires et des siècles.


L’agriculture et ses chercheurs et/ou praticiens seront donc à l’ordre du jour et à l’honneur le 21 octobre. Vingt-deux intervenants issus de l’université, du monde agricole et du monde de l’entreprise se réuniront pour aborder ce vaste sujet de l’expérimentation agricole sur notre territoire, aux origines, puis aujourd’hui et de la nature des recherches pour l’agriculture de demain.


Chaque groupe d’interventions ou table-ronde organisées autour d’un thème fera l’objet d’un échange avec la salle.


Une journée donc qui sera dense intellectuellement et que nous souhaitons riche d’échanges grâce à la diversité des sujets et des intervenants mais aussi par la présence d’un public qui nous l’espérons sera nombreux.



Joëlle DUPRAZ, présidente de l’ASLA









1 Établissement Public Local dEnseignement et de Formation Agricole, Lycée agricole dAubenas.

2 Plateforme territoriale de l’Université de Grenoble-Alpes rattachée à l’Institut de Géographie Alpine et au laboratoire PACTE.


9 h-10 h 30 : L’expérimentation et la science de l’agriculture en Ardèche

Modératrice : Joëlle Dupraz, présidente de l’ASLA




George WILLCOX, directeur de recherche émérite CNRS, archéobotaniste

L’expérimentation agricole de la préhistoire à nos jours


En 1985 Jacques Cauvin, archéologue au CNRS, a établi (avec son équipe de chercheurs) l’Institut de Préhistoire Orientale au sein de la Commanderie de Jalès en Ardèche méridionale. La même année, nous avons commencé à cultiver une population de blé sauvage originaire du Proche- Orient sur les terrains de la Commanderie. Cette présentation vous expliquera comment ces cultures expérimentales en Ardèche ont aidé à mieux comprendre le processus par lequel les premiers peuples néolithiques ont passé de la cueillette à l’agriculture, il y a plus 10 000 ans.


http://g.willcox.pagesperso-orange.fr/index.htm


Publications en relation avec le sujet :

WILLCOX, G. (2013). La question de l’identification du blé vêtu : «Hulled wheat workshop» à Jalès.

http://archeorient.hypotheses.org/1838


TANNO, K. I., & WILLCOX, G. (2006). How fast was wild wheat domesticated?. Science, 311(5769),

1886-1886.


ANDERSON-GERFAUD, P., DERAPRAHAMIAN, G., & WILLCOX, G. (1991). Les premières cultures de céréale sauvages et domestiques primitives au Proche-Orient néolithique: résultats préliminaire d’expériences à Jalès (Ardèche). Cahiers Euphrate, 5(6), 191-232.




Fabien ISNARD, char de recherche INRAP

Alba-la-Romaine. La Grande Terre, présence d’une viticulture ancienne au Ve siècle avant notre ère


Entre 2011 et 2015, un diagnostic suivi de trois fouilles ont été menés par l’INRAP au lieu-dit « La Grande Terre » sur la commune d’Alba-la-Romaine. Les résultats de ces recherches ont mis en évidence la présence d’une occupation protohistorique entre le VIIe et le Ve siècle avant notre ère.

Ce site jusqu’à présent inédit a été révélé grâce à l’existence de plusieurs fossés profondément enfouis et préservés. Ils ont livrés dans leurs comblements une quantité impressionnante de matériels et de prélèvements qui ont abouti à des résultats inattendus.

Le croisement de plusieurs études interdisciplinaires a permis de mettre en évidence la présence d’un artisanat local associé à un fort taux de matériel d’importation comparable aux sites majeurs contemporains bien connus de la vallée du Rhône.

Des études paléo environnementales ont permis de mettre en évidence l’exploitation intensive du terroir dès la fin de l’Âge du Bronze jusqu’au début de la Tène Ancienne. Un aperçu des espèces exploitées, de l’agrobiodiversité et de l’approvisionnement en bois sur le site au Ve siècle avant n.è. est donné par des analyses carpologiques et anthracologiques, effectué par Manon Cabanis (Inrap).

Les résultats principaux de cette étude sur le site d’Alba sont les découvertes de vignes anciennes (Vitis) sous forme de charbons et de pépins. Des analyses complémentaires ont été entreprises pour démontrer la présence d’une viticulture avérée sur ces terres ardéchoises.

L’analyse chimique sur six fragments de céramique réalisée par Nicolas Garnier (LNG) sur les éléments de consommations relevés sur le site précise ces données. Nous savons désormais que le raisin est présent sous toutes ses formes, du fruit au vin, en passant par le jus aussi bien rouge que blanc, dans la majorité des conteneurs étudiés.

Si ces études complémentaires confirment les premiers résultats, nous serions en présence d’une des viticultures les plus anciennes à l’intérieur des terres, loin des comptoirs du littoral méditerranéen.




Dominique VIDAL, directeur de recherche honoraire IRBA

Agostino Gallo (1499-1570), précurseur d’Olivier de Serres dans la science agricole, auteur des « secrets de la vraie agriculture ou le vinti giornate dell'agricultura »


Le Théâtre d’agriculture d’Olivier de Serres marque le fondement historique de l’expérimentation et de la science de l’agriculture en Ardèche. En introduction de son ouvrage, l’auteur précise sa démarche : associer la science et l’expérience, c’est-à-dire la connaissance et la pratique. Il affirme avoir lu les ouvrages tant anciens que modernes, il cite très largement les auteurs anciens, grecs et latins, mais il ne cite que très rarement les auteurs modernes, ses contemporains. Ainsi il est difficile d’évaluer le véritable apport scientifique d’Olivier de Serres par rapport aux auteurs qui l’on précédé à la Renaissance.

Cette question nous a conduit à étudier l’ouvrage d’Agostino Gallo, Le vinti giornate dell'agricoltura et de piaceri della villa, publié à Venise en 1555, plus de quarante ans avant le Théâtre. Gallo est en 1499 à Brescia, une ville qui était alors dans la République de Venise. Après avoir travaillé dans la boutique de vaisselle et de quincaillerie de son oncle, il s’installe en 1535 dans un domaine agricole à Borgo di Poncarale pour pratiquer l’agriculture, expérimenter et introduire de nouvelles cultures comme la luzerne et du riz en Vénétie ; il connaît le lupin et sa culture qui engraisse le sol. Son ouvrage regroupe vingt journées (ou chapitres) qui sont rédigées sous la forme d’un dialogue entre le maître du domaine et un visiteur qui lui demande d’exposer ses connaissances sur les terres, la vigne, le vin, les jardins, les plantes médicinales, les orangers, l’élevage (chevaux, bœufs, moutons, chèvres, etc.), les abeilles, la soie, etc. L’ouvrage de 375 pages a été édité et copié de nombreuses fois à Venise ; il a été traduit en français par François de Belleforest sous le titre de Secrets de la vraye agriculture, et édité en 1571 à Paris par Nicolas Chesneau. Olivier de Serres devrait donc en avoir eu connaissance. Les notions et la philosophie de père de famille, de mesnager, de vie à la campagne sont bien présentes dans le texte de Gallo.

Une lecture attentive des chapitres sur la viticulture, l’élevage ou la châtaigneraie, qui sont

les thèmes du colloque du Pradel aujourd’hui, montre que ces pratiques étaient parfaitement maîtrisées par Gallo. Par exemple dans la troisième journée consacrée à la viticulture, il insiste sur le terroir pour la plantation de la vigne, préférant le coteau et la terre pierreuse afin d’avoir un vin de qualité. Dans la quatrième journée il détaille les moyens de gouverner les vins, de maîtriser la fermentation et souligne la qualité des vins clérets tels que les font les français. Gallo met bien en évidence les origines du changement de goût et des méthodes de vinification. Il a perçu les exigences de l’hygiène et de la propreté de la cave et des tonneaux pour la vinification. Selon lui le meilleur vin se situe au milieu du tonneau, un principe qu’a repris Olivier de Serres. On observe donc qu’Agostino Gallo, père de l’agriculture italienne, est véritablement un précurseur d’Olivier de Serres, père de l’agriculture française. La lecture de Gallo nous permet d’apprécier l’œuvre d’Olivier de Serres à sa juste place, c’est-à-dire dans la lignée des écrivains agraires. Son Théâtre amplifie le mouvement et apporte un développement encyclopédique de la science agricole en France à la fin du XVIe siècle.



Dominique VIDAL est directeur de recherche honoraire. Ses travaux scientifiques à l’Institut de Recherche Biomédicale des Armées ont portés sur la biologie des agents infectieux transmissibles. Auteur de plus de 125 publications dans les domaines de la bactériologie, des risques et menaces biologiques, Il est expert dans le domaine de la biodéfense et de la biosécurité. Il développe maintenant des activités dans le domaine de l’histoire et de la philosophie des sciences de la vie.




Éléments bibliographiques de la communication:

BOULAINE J. et MOREAU R., Olivier de Serres et l’évolution de l’agriculture, L’Harmattan, coll. « Les Acteurs de la Science », Paris, 2000, 124 p.


CAMERON K., L’originalité de Bernard Palissy. Albinea, cahiers d’Aubigny, 4, 1992, p.133-143.

COMET G., L'outillage agricole médiéval et moderne et son histoire. Actes des XXIIIe Journées internationales d'histoire de l'abbaye de Flaran, 7-8-9 septembre 2001, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2003, 305 p.


SLATINI A., « Le campagne lombarde, tessera chiave del mosaico agrario europeo ». Glocalism. Journal of culture, politics and innovation. 2014, 2, p. 1-27.




Pierre CORNU, Professeur d'histoire contemporaine, Université Lyon 2, Directeur adjoint du Laboratoire d’études rurales (LER, Lyon)

Sciences et agriculture en perspective historique longue



Qui pourrait aujourd'hui se revendiquer comme l'héritier légitime d'Olivier de Serres ? Le seul fait de poser la question implique que la réponse n'est pas évidente, et de fait, on serait bien en peine de dégager un consensus, même à l'échelle de l'Ardèche, sur la conception moderne de l'agriculture - conventionnelle, bio, agroécologique... - qui serait la plus fidèle à ce lointain modèle.

Si l'histoire des sciences agronomiques a pu naguère se raconter sur le mode de l'aventure du

« progrès » et de la construction progressive, de découverte en découverte, d'un savoir toujours plus

solide et plus précis sur les lois de la nature et sur le moyen de les appliquer rationnellement aux besoins alimentaires et industriels des sociétés humaines, il n'en va plus ainsi depuis un quart de siècle, c'est-à-dire depuis l'entrée des sociétés développées dans la crise de cette même idée du progrès. Crise économique, crise environnementale, crise éthique : le programme des Lumières fait face à une remise en cause radicale, portée non seulement par des acteurs sociaux et politiques extérieurs au monde scientifique, mais également de l'intérieur, par les chercheurs eux-mêmes, dans le développement de controverses qui aboutissent non plus à refonder le consensus de la Science comme entité majuscule, mais au contraire à creuser les différences entre manière de penser et de pratiques des sciences et des formes d'expertise résolument plurielles. À l'instar de toutes les sciences appliquées, et notamment de celles qui touchent au vivant, l'agronomie se voit ainsi remise en cause dans ses fondements, dans ses pratiques et dans ses finalités. Comment, dès lors, proposer une nouvelle histoire des sciences agronomiques qui rende compte de cette crise du sens de l'histoire ?

La première chose à faire, c'est de sortir de la conception généalogique de l'histoire des

sciences qui trace une filiation légitime des précurseurs aux héritiers autoproclamés et qui nourrit des spéculations révisionnistes stériles. Sans remettre en cause les grandes figures de l'histoire des sciences de l'agriculture, il convient de relire leurs œuvres et les archives de leurs pratiques avec un œil différent, attentif au contexte historique de leur production et à la complexité de leur signification et de leur legs. Ensuite, il est nécessaire de dépasser la lecture « internaliste » de l'histoire des disciplines, en resituant la production du discours scientifique dans son contexte économique, social et culturel, aussi plus complexe que ce que l'on a bien voulu en retenir, par

exemple sur la « révolution chimique » du 19e siècle ou sur le tournant biotechnologique de la fin

du 20e siècle. Enfin, il est pertinent de reposer la question du rapport entre savoirs savants et savoirs

vernaculaires en matière d'agriculture, non pour en arbitrer les mérites respectifs, mais pour en

comprendre, dans la durée, les échanges, les interpénétrations, les tensions aussi. Loin de toute démarche relativiste, cette conception des sciences vise au contraire à mieux faire comprendre l'intérêt et la richesse de leur rapport au monde.

Comprise ainsi, l'histoire des sciences de l'agriculture représente un chantier du plus grand

intérêt, susceptible à la fois de corriger des idées reçues sur ce que signifie, d'époque en époque, le

« mesnage des champs », et d'éclairer les controverses présentes sur la gouvernance et sur les usages du vivant.



Pierre CORNU est agrégé d’histoire ; il a soutenu en 2000 une thèse de doctorat : « La forteresse vide. Une histoire des hautes terres du Massif central entre déprise humaine et emprise symbolique (19e-20e siècles) » puis, en 2012, une HDR : « Pour une épistémologie historique de la question agraire à l'époque contemporaine (19e et 20e siècles) ». Il est actuellement co-animateur de l’axe 1 du LER, « Le développement agricole et rural entre sciences, techniques et société », président du comité scientifique du Service Sciences et société de l'Université de Lyon, représentant de l'Université Lyon 2 au Conseil scientifique du Musée des Confluences, expert auprès du FNRS (Belgique), membre du Comité de rédaction de la revue Natures, sciences, sociétés et membre du Comité d'histoire de l'INRA et du CIRAD.



Sélection de publications :

Avec Jean-Luc MAYAUD [dir.], Nouvelles questions agraires. Exploitations, fonctions, territoires,

Paris, Éditions La boutique de l’histoire, 2008, 313 p.


« Les Cévennes par-delà elles-mêmes ? Retour sur la crise agonistique de la seconde moitié du 20e siècle », dans Patrick CABANEL [dir.], Les Cévennes au 21e siècle, une renaissance, Nîmes, Alcide/Club cévenol, 2013, pp. 37-61.


« Les espaces du “sauvage”. Une approche historienne de l’érémitisation des hautes terres du Massif central », dans Sergio DALLA BERNARDINA [dir.], Terres incertaines. Pour une anthropologie des espaces oubliés, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014, pp. 27-52.


« Crise des ''grandes cultures'' et émergence de l'agronomie systémique en France au tournant desannées 1970-1980 », dans Antoine BERNARD DE RAYMOND et Frédéric GOULET [dir.], Sociologie des grandes cultures. Au coeur du modèle industriel agricole, Versailles, Éditions Quae, 2014, pp. 27-43.


« La recherche agronomique française dans la crise de la rationalité des années 1970 : terrains et

objets d'émergence de la systémique agraire », dans Histoire de la recherche contemporaine, tome 3, n° 2, 2014, pp. 154-166.


Avec Lisalou MARTONE, « L'intégration de la recherche forestière à l'Inra au travers des

témoignages de la mission Archorales », dans Chercheurs en forêt, Archorales n°16, 2015, pp. 70-87.


« Charles de Freycinet ou l'ingénierie de la Res publica », dans Cahiers de la Société des amis de la

bibliothèque et de l'histoire de l’École polytechnique (SABIX), n° 58, fév. 2016.


Avec Jeanne RIAUX, Sylvain MASSUEL, Jean-Paul BILLAUD, Audrey RICHARD FERROUDJI et Olivier BARRETEAU, « Expériences interdisciplinaires : quel retour vers les disciplines ? », dans Bernard HUBERT et Nicole MATHIEU [dir.], Interdisciplinarités entre natures et sociétés, actes du colloque de Cerisy de 2013, Peter Lang, 2016.


Avec Egizio VALCESCHINI et Odile MAEGHT-BOURNAY, Une histoire de l'Institut national de la

recherche agronomique française (1946-2016), Versailles, Quae, à paraître en 2017










10 h 30-12 h 20 : Les filières agricoles ardéchoises, histoire, enjeux et perspectives

Modérateur : Philippe PVOST, Institut agronomique vétérinaire et forestier de France


Jean-Luc FLAUGÈRE, président de la Chambre d’agriculture de l’Ardèche

Tour d’horizon sur l’agriculture en Ardèche


L’agriculture ardéchoise est multiple, du fait de la diversité de ses terroirs et des dynamiques

humaines qui les ont valorisés tout au long de l’histoire.

Les principales filières seront présentées à partir de certains chiffres clés et de caractéristiques propres à chacune des productions agricoles du département.


Jean-Luc Flaugère, viticulteur à Valvignères, est Président de la Chambre d’Agriculture de l’Ardèche depuis 2007 et 1er Vice-Président de la chambre régionale d’agriculture Auvergne-Rhône- Alpes. Il est également président de la chambre interconsulaire départementale depuis 2013. Engagé dans le mouvement coopératif et la représentation professionnelle depuis plus de 30 ans, il est

décoré du Mérite agricole, de l’Ordre national du mérite et de la Légion d’honneur.




Yves MOREL, professeur agrégé de géographie, docteur en histoire

L’histoire de la filière viticole en Ardèche et les moments clés pour la recherche


En l’espace d’environ un siècle (années 1850 années 1960), le secteur viticole a été le théâtre d’une cascade de mutations, ou même de révolutions, comme elle n’en avait pas connu durant au moins un millénaire. La charnière se situant dans les premières années du Second Empire.

Il importe de déterminer quels ont été les facteurs de tels bouleversements : est-ce le fruit de

stratégies choisies à froid, en quête de progrès ou s’agit-il de réponses données en urgence à des difficultés impromptues ?

Il y a donc un avant et un depuis.

« C’était mieux avant ! » ou « Les jours heureux du vigneron »

Depuis des temps presque immémoriaux, la viticulture en Vivarais s’est pratiquée sur des bases quasiment immuables. Pour les soins à donner au vignoble, point de sulfateuse. Pourquoi traiter les ceps quand aucune des maladies que nous connaissons aujourd’hui ne sévit ? Tout juste craint-on les coups de gel printaniers, les orages de grêle ou les étés excessivement humides.

Lorsqu’il s’agit de multiplier des pieds, le bouturage ou le marcottage font parfaitement l’affaire, à moindre coût, chose impensable à notre époque.

Excepté quelques zones déjà réputées comme les côtes du Rhône septentrionales, on produit un petit vin à la conservation problématique, que le Vivarais exporte le plus possible pour compenser les coûteux achats de grains. Dans la première moitié du XIXe siècle on constate une certaine expansion du vignoble ardéchois, avec des moyens assez routiniers.


Des calamités en cascade (1855–1960)

Les hommes sont parfois victimes de leur curiosité naturelle. Cela se vérifie lorsque l’on

introduit dans un pays des espèces végétales ou animales exotiques.

Ainsi, des Européens ont-ils ramené d‘Amérique du nord des plants de vigne indigènes, sans

savoir qu’ils véhiculaient en même temps des pathologies meurtrières.

Le premier choc : l’Oïdium (années 1850).

Maladie cryptogamique, cette maladie est due à un champignon qui compromet gravement

la récolte, ce qui n’est qu’un moindre mal, car elle peut entrainer aussi la destruction du pied. Après des expédients assez farfelus on découvrit les vertus du soufre en poudrage ou en pulvérisation pour lutter contre le mal. Ainsi l’industrie chimique vint-elle par nécessité au secours de la viticulture, la nouveauté n’est pas anodine.

Un deuxième fléau : le Phylloxera (années 1870)

À peine remis du choc, le vignoble ardéchois fut frappé par un mal encore plus terrible

provoqué cette fois par un insecte. Avec ce puceron, venu lui aussi d’outre-Atlantique, la question de la survie même de la vigne - et non seulement des récoltes - se posa très vite. Une fois encore des parades plus ou moins convaincantes furent proposées, par exemple le remplacement des cépages traditionnels par des plants américains dont on avait remarqué qu’ils résistaient très bien au fléau. Cela jusqu’à ce que des chercheurs géniaux ne trouvent une solution quasiment miraculeuse :

l’hybridation alliant les qualités des vitis vinifera et la résistance des cépages américains. Les hybrideurs ardéchois Couderc et Seibel firent figure de pionniers. Grâce à une telle innovation on put reconstituer le vignoble avec des « producteurs directs » ou des variétés traditionnelles greffées.

Un nouveau coup dur : le Mildiou et le Black Rot (années 1880-1890)

Alors que l’on relançait péniblement la viticulture, une nouvelle maladie s’abattit sur les

plants sauvegardés. Comme l’Oïdium, il s’agit de champignons destructeurs des grappes et des feuilles. Une fois encore l’industrie chimique offrit une porte de sortie avec la fameuse bouillie bordelaise à base de sulfate de cuivre.


Ayant survécu à trois fléaux en moins de cinquante ans, la viticulture ardéchoise, désormais capable de se protéger, put se développer à grande allure, devenant souvent une monoculture à vocation commerciale, sous l’effet de l’essor des moyens de transport (le train) et l’élévation du niveau de vie des consommateurs. Toutefois, se posa le délicat problème de la vinification qui conditionne les recettes de toute une année et l’épineuse question de la vente à la clientèle.

Une solution nouvelle vint répondre à ces défis : la mutualisation. Nées plus au sud, les

caves coopératives firent leur apparition en Ardèche, aux confins du Gard, peu après la Grande Guerre et progressèrent vers le nord. Chacune d’entre elle assurant la vinification et constituant un interlocuteur de poids face au négoce.

Mais, dans ces conditions, comment échapper à la grave question des excédents de production, d’autant plus que les consommateurs boudèrent de plus en plus les petits vins fournis par les hybrides ou certains plants à hauts rendements ?

Encore une fois il fallut trouver une solution. La formule la plus séduisante ne consistait-elle

pas à remplacer les cépages traditionnels par des variétés nobles comme le Cabernet, le Merlot ou le Chardonnay ? Ce fut l’œuvre des vignerons ardéchois dans les dernières décennies du XXe siècle, avec un réel succès. Désormais on produit moins mais mieux.

Ainsi, depuis le Second Empire, les innovations ont accompagné la marche en avant de la viticulture. Force est de constater qu’on les doit beaucoup aux difficultés successives qui ont jalonné ce siècle hors du commun. Mais ce fut toujours avec succès. Sans les chocs subis pendant une centaine d’années, les progrès auraient-ils été comparables ?

Toujours est-il que, grâce à sa capacité de rebondissement, le secteur viticole semble moins

touché par la crise agricole que l’élevage ou la culture fruitière.


Yves MOREL, natif de Vernoux en Vivarais, est Agrégé de géographie et Docteur en histoire (thèse sur les moulinages de l'Ardèche au XIXe siècle). Il a effectué sa carrière professionnelle en grande partie au lycée Marcel Gimond d'Aubenas. Il a aussi été responsable du service éducatif des archives départementales. Il est également membre du conseil scientifique du Parc Naturel Régional des Monts d'Ardèche, vice-président de l'écomusée de Chirols et Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, Lettres et Arts de l'Ardèche.


Sélecion de publications :

Yves MOREL, Les maîtres du fil : histoire du moulinage vivarois du XVIIIe siècle à nos jours, Privas, Mémoire d'Ardèche et temps présent, 2002, 3 volumes.


Yves MOREL, J.-L. Plantevin ; des fabriques à soie en Ardèche méridionale, Nîmes, C. Lacour, 1996.


Florence CHARPIGNY, Yves MOREL, Vallées moulinières : regards sur l’industrie de la soie dans les Monts d’Ardèche, édition du Parc naturel régional des Monts d'Ardèche, 2007 (collection Horizon patrimoines).


Nombreux articles dans la Revue du Vivarais et dans les Cahiers de MATP.




Christophe SABATON, président des établissements Sabaton, vice-président du Comité interprofessionnel Châtaigne d’Ardèche

Histoire, réalité et évolution de la châtaigneraie ardéchoise


L’Ardèche est le premier département producteur de châtaignes en France, avec une part de

50% du volume national. Historiquement le Sud-Ouest affichait de plus grosses productions au XIXe siècle lorsque la production française était cinquante fois supérieure à celle d’aujourd’hui. La castaneiculture ardéchoise a donc mieux résisté. La création d’usines de transformation en marrons glacés et crème de marrons a vraisemblablement contribué au maintien de cette culture en offrant un nouveau débouché au début du XXe siècle, trois entreprises de transformation ont vu le jour. Ces trois sociétés centenaires sont aujourd’hui toujours détenues par les familles fondatrices, et continuent d’investir sur un marché qu’elles ont su préserver.

Il ne fait aucun doute que le lien au terroir a été un atout indéniable, et le sera encore. La

santé de ces entreprises étant étroitement liée au dynamisme de la production de châtaigne.


Christophe SABATON représente la troisième génération à la tête de la société éponyme dont l’activité dépend à 80% de la châtaigne. Il s’est investi dans la création de l’AOP « châtaigne d’Ardèche » aux côtés des producteurs et est vice-président du Comité Interprofessionnel de la Châtaigne d’Ardèche.




Yildiz AUMEERUDDY-THOMAS, directrice de recherche CNRS, CEFE Montpellier

Résilience socio-écologique d’un agro-éco-système nourricier historique : la Châtaigneraie.


En Ardèche, Corse, Cévennes ou dans d’autres régions castanéicoles, le châtaignier, arbre vraisemblablement domestiqué à l’est de la Méditerranée, tient une place prépondérante dans l’économie locale. Il est un élément structurant d’un système agro-sylvo-pastoral qui a fortement souffert de la modernisation agricole. Celle-ci, délaissant ce modèle d’agriculture sur sols pauvres, fondé sur la polyculture et l’élevage, a accentué un exode rural généré par ailleurs par de profonds changements dans les modes de vie. En grande partie abandonnée, la châtaigneraie connaît cependant divers mouvements de rénovation malgré diverses maladies (ancre et chancre) qui ont affecté les plantations de châtaigniers.

Outre un premier point sur ce contexte historique, je présenterai les techniques agricoles, notamment la greffe des variétés de châtaignier sur les « bouscasse » ou châtaigniers ensauvagés ; cette technique est à la base de la culture du châtaignier et a des implications sur le plan écologique. J’aborderai également l’importance de ce patrimoine variétal aujourd’hui fortement menacé et son importance dans le cadre du changement climatique. Sur le plan social, je parlerai enfin des différents mouvements sociaux (associatifs ou plus informels) qui ont participé au renouveau qu’a connu la châtaigneraie. Ceci permettra de questionner la résilience socio-écologique de l’agroécosystème de montagne qu’il abrite, des contraintes et des perspectives pour l’avenir.


Yildiz AUMEERUDDY-THOMAS est Directeur de Recherche au CNRS au Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive à Montpellier. Responsable de l’équipe Interactions Bioculturelles, elle anime des travaux de recherche mettant en jeu des approches interdisciplinaires réunissant des écologues, des anthropologues et des géographes. Elle travaille depuis 2006 sur la région méditerranéenne interrogeant selon une démarche ethnoécologique, le rôle des arbres dans les sociétés méditerranéennes, les savoirs locaux et pratiques associées, sur la rive nord (châtaigneraie cévenole et trufficulture en Languedoc) et sur la Rive Sud (oliveraie et figueraie du Nord du Maroc).


Références bibliographiques récentes :

GENIN, D., Y. AUMEERUDDY-THOMAS, G. BALENT, and R. NASI. 2013. The multiple dimensions of rural forests: lessons from a comparative analysis. Ecology and Society 18(1): 27. http://dx.doi.org/10.5751/ES-05429-180127


AUMEERUDDY-THOMAS, Y., C. THERVILLE, C. LEMARCHAND, A. LAURIAC, and F. RICHARD. (2012). Resilience of sweet chestnut and truffle holm-oak rural forests in Languedoc-Roussillon, France: roles of social ecological legacies, domestication, and innovations. Ecology and Society 17(2): 12. http://dx.doi.org/10.5751/ES-04750-170212


AUMEERUDDY-THOMAS Y. (2010) Domestication des arbres en méditerranée : un continuum entre nature et culture, In : Eds Claire DELHON, Isabelle TRY-PARISOT et Stéphanie THIÉBAULT : XXXe Rencontres Internationales d'Archéologie et d'Histoire d'Antibes : « Des hommes et des plantes : exploitation du milieu et gestion des ressources végétales de la Préhistoire à nos jours », Editions

APDCA, Antibes, p. 379-390.


SIMENEL R., MICHON G., AUCLAIR L., ROMAGNY B, AUMEERUDDY-THOMAS Y. (2009) L’argan : l’huile qui cache la forêt domestique. De la valorisation du produit à la dé-domestication de l’écosystème, Autrepart, IRD, Numéro Spécial : Les produits de terroir au service de la biodiversité culturelle, n°50, 51:73.




Marie-Odile NOZIÈRES, ingénieure INRA, UMR Selmet Montpellier

Histoire et réalité des recherches sur l’élevage en zone de moyenne montagne

méditérranénne : illustrations sur le territoire ardéchois


M.O. Nozières-Petit, C.H. Moulin, F. Launay

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’élevage pastoral des territoires méditerranéens

échappe en partie à la dynamique d’intensification et de spécialisation qui anime les différents secteurs de l’élevage français. Ces zones, en déprise agricole, voient leur paysage se fermer. Ce constat est clairement établi dans les années 70, avec une série d’analyse typologique, menée par la recherche zootechnique présente dans ces zones. Une série de travaux est engagée pour analyser l’intérêt des milieux méditerranéens dans la conduite des troupeaux, pour concevoir des possibilités d’amélioration de ces milieux et de ces conduites. Deux voies de recherche, liées, se distinguent alors au milieu des années 80, celle sur la préservation des milieux et celles sur les systèmes d’alimentation et les systèmes d’élevages. Elles se déclinent encore aujourd’hui pour organiser les activités de recherche et de développement, auquel prend part l’UMT « Élevages pastoraux en territoires méditerranéens », qui structure le partenariat entre l’Inra, Montpellier SupAgro et l’Institut de l’Élevage.


Publications récentes :

JUIN, H., NOZIERES, M. O., & PEYRAUD, J. L. (2014). Révision de la directive européenne sur l’expérimentation animale : qu’en est-il pour la recherche agronomique?. INRA Productions

Animales, 27(1), 65-68.


CHOISIS, J. P., COURNUT, S., HAVET, A., NOZIERES, M. O., (2013, December). Les systèmes d'élevage: quelles évolutions des communications aux 3R depuis 20 ans?. In 20. Rencontres Recherches Ruminants (3 R) (Vol. 20, pp. 1-p). INRA. Institut de l'Elevage.


NOZIERES, M. O., MOULIN, C. H., & DEDIEU, B. (2011). The herd, a source of flexibility for livestock farming systems faced with uncertainties?. animal, 5(09), 1442-1457.


AUBRON, C., NOZIERES, M. O., MOULIN, C. H., & BOUTONNET, J. P. (2011). Laine, transferts de fertilité, lait et viande: évolution des produits de l'élevage ovin dans les systèmes agraires. Ethnozootechnie, (91), 81-88.


14 h-15 h 30 : Table-ronde sur les filières agricoles et leurs perspectives

animée par Alain SIXTRE, ancien directeur d'Établissement public du Ministère de l'Agriculture,

Institut Olivier de Serres, et Gilles TAULEMESSE

Viticulture, châtaigne, élevage





16 h-17 h : Quelles recherches pour l’agriculture de demain en Ardèche :

spécificités et valorisation du terroir

Modératrice : Florence CHARPIGNY, Laboratoire de recherche historique en Rhône-Alpes

CNRS UMR 5190, Lyon


Philippe PRÉVOST, Institut agronomique vétérinaire et forestier de France

Claire LAMINE, Inra-SAD Avignon et PACTE-Cermosem

Les enjeux et les défis pour l’avenir


À une période l’agriculture redevient un enjeu mondial, face aux nombreux défis planétaires (climatique, écologique, alimentaire, énergétique,…) et aux transformations sociétales en cours (biotechnologique, numérique,…), les questions posées à la recherche évoluent.

Dans notre champ des sciences de gestion du vivant, la recherche doit poursuivre la

production de connaissances au service des filières et des territoires dans ce contexte de changement, mais aussi s’organiser pour le travail en réseau avec tous les acteurs de la société, et enfin contribuer à la société de la connaissance par de nouvelles formes de construction collective des savoirs et un partage des savoirs permanent.

Dans le contexte du territoire ardéchois, un certain nombre d’actions de recherche en cours permettent de répondre à des problématiques locales tout en contribuant à la production de connaissances génériques. Mais d’autres thématiques de recherche pourraient certainement s’appuyer sur le territoire ardéchois, celui-ci présentant des caractéristiques correspondant bien aux conditions d’expérimentation permettant d’anticiper les transformations sociétales à l’œuvre.


Philippe PRÉVOST, ingénieur général des Ponts, des Eaux et Forêts et docteur en didactique des sciences, est actuellement Directeur de l’enseignement numérique de l’Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France (Agreenium). Auparavant, son parcours l’a conduit à divers postes, d’enseignement, de recherche et de direction d’établissement. Il poursuit une activité de recherche sur la question de la transmission des savoirs agronomiques.


Publications récentes en français :

PRÉVOST, P., (2016). Quelles méthodes de recherche didactique pour les disciplines d’enseignement technologique agricole ? L’exemple de l’agronomie. In JEAN, A., ed., Sciences et savoirs technologiques dans l’enseignement professionnel et technique ; confrontation des perspectives de recherche. L’Harmattan, Paris, pp. 131-149.


PRÉVOST, P., MARTINAND, J.L. (2015). L’agronomie, une discipline d’enseignement technologique à enjeux didactiques. In Lebeaume, J. & Hasni, A., Education technologique et sciences de l’ingénieur ; regards sur les curricula et les pratiques. Lille : Presses universitaires du Septentrion, 19-31.


PRÉVOSt, P., CAPITAINE, M., GAUTIER-PELISSIER, F., MICHELIN, Y., JEANNEAUX, P., FORT, F., JAVELLE, A., MOÏTI-MAÏZI, P., LERICHE, F., BRUNSCHWIG, G., FOURNIER, S., LAPEYRONIE, P., JOSIEN E. (2014). Le terroir, un concept pour l’action dans le développement des territoires ruraux. VertigO, la revue électronique en sciences de l’environnement, 14 (21).


PRÉVOST, PH., JOUFFRAY, A. (2013). Le développement durable dans les formations d’ingénieur en France. Comment se situer entre formation professionnelle et « éducation à » : l’exemple de la formation d’ingénieur agronome. Cahiers du CERFEE, n° 33.


PRÉVOST, Ph, (2011). Les enjeux didactiques dans la formation des agronomes. L’exemple de la notion de terroir dans une perspective de développement durable. Nature-Sciences- Sociétés, 19, 50-

55.


Claire Lamine, sociologue, docteur de l’EHESS et HDR, est chercheure à l’INRA depuis 2005 après plusieurs expériences dans le développement local et l’alimentaire. Ses thématiques de recherche sont : changement des pratiques alimentaires, circuits courts et réseaux alternatifs reliant producteurs et consommateurs (Amap par exemple), trajectoires et conditions d’écologisation à l’échelle des agriculteurs et des filières (principalement céréales, arboriculture, maraichage), institutionnalisation et processus d’appropriation de l’agroécologie (en France et au Brésil), systèmes alimentaires territoriaux (Biovallée, Sud Ardèche).


Publications récentes en français :

LAMINE C., BUI S., OLLIVIER G., 2015. Pour une approche systémique non réductionniste de la

transition écologique des systèmes agri-alimentaires, Cahiers de recherche sociologique, 58, 95-117


LAMINE C., PLUVINAGE J., AUBENAS R., FAUGIER V., SIMON S., CLAUZEL G. ; LAMBERET M., PENVERN S., STÉVENIN S., BULÉON S., GARÇON L., BUI S., AUDERGON J.-M., 2015. Innovation variétale en Prunus, 1960-2013 : les enseignements d’une analyse socio-historique co-construite avec les acteurs. Courrier de l'environnement de l'INRA 65, 5-18


BRICAS N., LAMINE C., CASABIANCHA F., 2013. Agricultures et alimentations, des relations à réinterroger, Natures Sciences et Société, 21 (1), 66-70


LAMINE C., 2012. « Changer de système » : une analyse des transitions vers l’agriculture biologique à l’échelle des systèmes agri-alimentaires territoriaux, Terrains et Travaux, 20 : 139-156


LAMINE C., 2009. Les amaps, un nouveau pacte entre producteurs et consommateurs ? Gap, Ed. Yves Michel


LAMINE C, BELLON S., dir., 2009. Transitions vers l’agriculture biologique. Pratiques et accompagnements pour des systèmes innovants. Dijon-Paris, Ed. Educagri-Quae


RICCI P., BUI S., LAMINE C., dir., Repenser la protection des cultures, Innovations et transitions vers une protection écologique, Dijon-Paris, Ed. Educagri-Quae




Pascal MAO, maître de conférences à l’Université Grenoble-Alpes, directeur du CERMOSEM

Le CERMOSEM, l’outil local de recherche-développement


Pascal Mao est enseignant en géographie - aménagement du territoire à l’Institut de Géographie Alpine, UFR de géographie de l’Université de Grenoble. D’un point de vue de la recherche, il est rattaché à l’UMR Pacte Territoires. Ses travaux portent sur les questions d’aménagement, de gestion et de développement des territoires récréatifs et touristiques. Ses terrains privilégiés sont les espaces ruraux et montagnards aussi bien dans les Alpes, les régions méditerranéennes que les Amériques Nord et Sud. Il se questionne sur les dynamiques de ces territoires via des entrées sociales ou culturelles et en terme de politiques publiques. Il a dirigé de nombreux travaux d’ingénierie et d’expertise à l’attention de collectivités territoriales (Régions, Départements et intercommunalités), de fédérations sportives, des ministères de l’aménagement du territoire, des sports, de l’environnement ou du tourisme. Il est directeur du Cermosem, antenne délocalisée de l’Université de Grenoble en Ardèche. Il est en outre responsable pédagogique et administratif des la Licences professionnelles « Promoteur du Patrimoine Territorial », spécialités « Concepteur de produits touristiques patrimoniaux » et « Gestionnaire des espaces naturels de loisirs ». Il est aussi un des animateurs du réseau de chercheurs et d’experts en sports de montagne et de nature [www.sportsnature.org].


Publications récentes :

MAO P., BOURLON F., 2016, Le Tourisme scientifique en Patagonie chilienne, Un essai géographique sur les voyages et explorations scientifiques, Préface de F. Michel, Postface de Ph. Bourdeau, Collection Tourismes et Sociétés, L’Harmattan, 253 p.


BOURLON F., MAO P., OSORIO M., GALE T. (ss. la dir. de), 2012, Explorando las nuevas fronteras del Turismo, Perspectivas de la investigación en turismo, Exploring the new frontiers of tourism Tourism reseach perspectives, En explorant les nouvelles frontières du tourisme, Perspectives de la recherche en tourisme, Ediciones Ňire Negro, Coyhaique, Aysen, Chili, 297 p.


CORNELOUP J., BOURDEAU P., MAO P., 2015, « Culture, a factor for emergence and recreational creativity » in DISSART J-C., DEHEZ J., MARSAT J-B. (ss. dir.), Tourism, Recreation and Regional Development, Perspective from France and abroad, Ashgate Publishing, pp. 47-60.


GUMUCHIAN H., LANDEL P-A., MAO P., 2015, « La présence universitaire en espace rural, Le cas du Cermosem, antenne de l’Université Joseph Fourier en Ardèche », in LEVY R., SOLDANO C., CUNTIGH P. (ss. dir.), L’Université et ses territoires, Coll. Libres cours, Presses Universitaires de Grenoble, pp. 111-124.






17 h-17 h 30 : Table-ronde : Le point de vue des structures professionnelles

Animée par Alain SIXTRE, ancien directeur d'Établissement public du Ministère de l'Agriculture,

Institut Olivier de Serres, et Gilles TAULEMESSE



Intervenants :


- Hervé Changarnier, Confédération paysanne d’Ardèche

- Sarah Lamoine, CIVAM Ardèche (Centre d’initiative pour valoriser l’agriculture et le milieu rural)

- Vincent Quenault, Directeur de la Chambre d’agriculture d’Ardèche

- Jérôme Volle, Président de la FDSEA Ardèche



Questions envisagées :


L'agriculture ardéchoise est d’ores et déjà confrontée à de nouvelles contraintes et à de nouveaux enjeux :


- un environnement contraignant lié au réchauffement climatique et aux contraintes hydriques


- le développement de nouveaux risques sanitaires tant en végétal qu'en animal


- des enjeux techniques intégrant des méthodes innovantes, de nouvelles cultures….


- des enjeux économiques et commerciaux pour les exploitations avec pour objectif la valorisation des produits : les marques, les nouveaux modes de commercialisation, l’approvisionnement des villes et des agglomérations


- des enjeux territoriaux avec des filières agricoles territorialisées


- des enjeux sociétaux liés aux nouvelles attentes des consommateurs : qualité des produits et protection de l’environnement, cohabitation entre les zones agricoles et les zones habitées….


- Comment la recherche, le développement agricole et l’innovation peuvent accompagner ces évolutions ?


- Comment, chacun à votre niveau, envisagez-vous l’avenir ? Quelles réflexions et quelles actions avez-vous déjà engagées ?

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